J’ai relié Lausanne au Cap Finistère, au bout de la Galicie, d’août à fin octobre 1995. Le chemin je l’ai fait sans autre but qu’éprouver mes limites, savoir où j’en étais et explorer une petite idée qui me taraudait : et si le bien-être qu’il nous procurait n’était pas ce qu’on y cherchait, mais la marche elle-même. Ma motivation, d’ordre spirituel sans doute, n’est pas métaphysique. Elle ne requiert ni justification ni prosélytisme. Juste matérialiser l’accomplissement d’un besoin, d’une idée, d’un rêve mené jusqu’au bout : grandir et lâcher un jour ce carcan qui nous entrave, s’évader, parcourir librement les chemins balisés. La balise n’entrave pas, elle est juste la certitude d’atteindre le but. Il me fallut dix jours pour éradiquer mes bourgeoises addictions et atteindre l’état bienheureux de celui qui ne dépend que de l’essentiel. Mon quotidien ne comprenait plus alors que les obligations basiques de la survie : un équipement idoine, de quoi manger, boire, dormir, me diriger et surtout la volonté d’avancer par tous les temps et faire fi des doléances du corps et de l’esprit. Juste le nécessaire. Ma réalité en fut transfigurée.
Je partage ci-après cette expérience sous la forme de petites nouvelles qui relatent mes réflexions, chroniques et souvenirs de ce voyage. Elles se présentent sous forme de fichiers audio ou texte. La forme sonore était destinée, à l’époque, à un blogue (malheureusement disparu corps et bien) créé à l’intention de ma mère mal voyante.