Intentions de l’auteur
J’observe la planète bleue, la vôtre, la mienne et y découvre à chaque instant matière à témoigner de situations inquiétantes. (Il n’y a pas d’imagination dans les faits exposés, même le match de foot avec bébé dans un sac-poubelle.) Je ne crois pas qu’il existe implicitement un bien ou un mal incarné. Il n’y a que la nécessité de couvrir nos besoins essentiels, trop souvent à l’aide de ces armes perverses que sont ; la cupidité, l’égoïsme, la soif de pouvoir, l’envie, la rancœur. Il y a le manque d’instruction et les manipulations médiatiques. Il y a ces pulsions incoercibles d’appartenance et de racines. Il y a la solitude et l’amour aussi, si fragile.
Je voudrais démontrer, par ce concentré excessif d’horreurs, que la recherche extrême des besoins élémentaires érigée en nécessité (ou en habitude,) l’exclusion, la force des liens familiaux ou claniques, le manque d’ambition et l’ignorance, font qu’un misérable territoire, aussi mortellement pollué soit-il, devienne cet arpent du Bon Dieu que l’on va défendre envers et contre tout. Personne, de l’intérieur ou de l’extérieur, ne fera rien pour que ça change ! Soulager peut-être, mais changer ? Pessimisme que tout cela ?
Et si chacune de nos actions ne participait que de l’effet papillon… que leur influence sur le cours des choses ne soit qu’imprévisible ?
Et s’il fallait d’abord transformer le (ce) monde ? Faire savoir haut et fort les dégâts causés par les compassions conformistes et les égoïsmes individuels ou collectifs.
Survivre sur une décharge, l’ignoble trafic d’organes, les pollutions mortelles ou mal-formatives, les paysages détruits par cupidité, etc., le désespoir, je n’invente pas, je l’ai vu, revu, subi, lu et entendu.
Alors, à ma manière, j’essaye de le dépeindre. Mais en filigrane, je propose, timidement, une échappatoire en forme d’espoir. Pourquoi les Zyndiens (mythe ou réalité) ne seraient-ils pas la clef de la rédemption, en dépit du fait que cette recherche doit se faire au prix d’un ultime renoncement ? (Si la connaissance mène à une impasse, les « sauvages » sont peut-être l’ultime alternative ?) Abel se sacrifie pour permettre à sa famille de subsister. Il est trahi, c’est vrai et il le sait, mais il a insufflé en Nina sa vision d’un monde meilleur. La prise de poudre abortive n’est pas, pour elle, un geste désespéré, mais une démarche d’espoir. Elle se donne une chance supplémentaire de réussir, de mener l’enfant qui reste vers ce monde-là.
Je ne dis rien de plus. Je ne propose rien qui détermine son espérance et ne veux fourvoyer quiconque sur le chemin de mes utopies. Que chacun interprète, selon ses convictions ou son imaginaire, la décision de Nina et son bien-fondé !
Je ne suis pas partisan de ce landerneau aux abois, actuel ou visionnaire. Mais je n’y constate ni victoire ni défaite d’un mal ou d’un bien triviaux. Je n’y vois juste qu’un hétéroclite regroupement d’individus de diverses couches sociales qui pratiquent la survie avec les armes plus ou moins inégales dont la nature les a dotés.
Pour ce qui en est du lieu, je crois que ma vision décalée est nécessaire à la démonstration. Si c’est irréalisable, je pense que l’action pourrait être transposée, sans perdre de sa valeur dramatique ou de ses repères démonstratifs, dans un bidonville ou une banlieue de n’importe quelle mégapole actuelle.