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Les Commodités

Décor

Les Commodités attenantes à une Mégapole. C’est un petit matin d’automne, beau et frisquet. Les détritus comblent le bassin de retenue d’un barrage désaffecté, ceinturé de basses falaises. Au pied d’un escarpement rocheux en surplomb, un abri précaire, mais confortable, confectionné à l’aide de matériaux de récupération. Devant l’abri, le séparant de la décharge, s’étend une surface libre. Sur le devant, une mer de détritus parcourue de sentiers creux. Sur la surface libre, une table et des chaises dépareillées, un vieux parasol, des objets hétéroclites et un brasero bricolé en veille. À côté de la cahute, une échelle brinquebalante la relie à la terrasse, puis au sommet de la faille. Sur la terrasse couvrant l’abri, une bicyclette d’intérieur déglinguée en équilibre sur un support de fortune, une lampe à abat-jour sur un haut pied vertical et un didgeridoo fait d’un matériau de récupération. Un arbre peut-être, des simples, des broussailles. En fond sonore, le criaillement des mouettes et le lamento des didgeridoos. 

11 Personnages

Les Ermistes

Morgane Mère de Nina. Presque vieille, un peu sorcière, elle connaît le secret des simples. Malade, elle ne peut rien contre la toxémie générée par les lieux, son chez-soi qu’elle ne quittera jamais. Elle protège sa fille et l’enfant.

Nina Femme d’Abel, mère du bébé. Jeune, belle, illettrée, elle adore qu’il lui raconte les histoires qu’il a lues. Victime d’agressions sexuelles, elle se protège au sein de l’amour qu’elle porte à son fils et à son homme.

Abel Mari de Nina, frère cadet de Toby, père du bébé. Il est jeune, intelligent, candide. Malin et dégourdi, il sniffe rarement. Il lit un peu dans un livre d’enfants, trouvé au rebut et il croit à l’existence des Zyndiens.

Angel Frère aîné d’Abel, fils de Toby. Brute hébétée par l’inhalation des émanations de l’akool, il se prête à toutes les compromissions pour survivre. Il s’associe avec Rambo pour piéger et livrer son frère à l’odieux Business.

Toby Père d’Abel et d’Angel. Le vieux, revenu de tout est gravement atteint dans sa santé par les miasmes ambiants et le sniffage de l’akool. Genre de beauf doué d’un certain courage, il a, jadis, impunément tué sa femme.

Un bébé Bon, je ne vais pas vous faire un dessin

Les Technos

Penalty Pasteur marginal, représentant misérable de ce qu’il convient encore de nommer la Religion officielle, il apporte une présence charitable aux habitants du lieu. Il partage avec eux la précarité et la tentation de l’akool.

Omar Trafiquant et magouilleur. C’est une sorte de nabab bon vivant, marchand retors, véhément et charmeur. Usurier crapuleux et corrupteur, il est l’ange damné des miséreux et le salaud des gens de l’ordre.

Rambo Chef des Protecs. (Gardiens des Commodités) Bien que n’ayant d’autres prérogatives que la surveillance des lieux, il se conduit en odieux potentat. Ray ban, badine, malingre, pervers, maître de ce cirque par la terreur, il est la corruption incarnée.

Les Geos

Wayne C’est le chef de la Flipouille. Grand, costaud, bien habillé, coiffé d’un Stetson, il fait sa cinquantaine bien tassée. Un représentant de l’ordre, au charisme certain et à la vénalité dissimulée.

Conception Samaritaine bénévole. Raffinée, jeune et nunuche, genre Marie Chantal, dépourvue de toute compassion, elle ne vient dans les Commodités que par obligation.

Notes de l'auteur

État de l’écriture

La version présentée est quasiment la version définitive.

Après relectures et remarques faites par des lecteurs - œils extérieurs, j’ai reporté les remarques qui me paraissaient judicieuses à la version précédente.

Les personnages existent, leurs relations sont bien définies et les enjeux déterminés, et même s’il est encore possible d’affiner les profils psychologiques, ces modifications n’auraient, (n’auront) guère d’influence sur le tableau général.

Une partie dialoguée subira certainement une transformation, la référence faite au personnage de Gollum, tirée du Seigneur des Anneaux, de Tolkien. Lors de l’écriture de la scène, probablement par la vertu d’une association d’idées imprévisible, elle m‘est apparue comme parfaitement justifiée. Je ne retrouve plus, après relecture, les arguments qui m’avaient fait accepter cet emprunt.

Quant au lieu de l’action, qui a pour moi une force symbolique évidente, des remarques pertinentes ont souligné la difficulté de réaliser le décor et l’effort de la démarche de transposition que devront accomplir les spectateurs. Je réfléchis à la possibilité de déplacer l’action au centre d’un ghetto ou d’un bidonville d’une banlieue déshéritée.

Intentions de l’auteur

J’observe la planète bleue, la vôtre, la mienne et y découvre à chaque instant matière à témoigner de situations inquiétantes. (Il n’y a pas d’imagination dans les faits exposés, même le match de foot avec bébé dans un sac-poubelle.) Je ne crois pas qu’il existe implicitement un bien ou un mal incarné. Il n’y a que la nécessité de couvrir nos besoins essentiels, trop souvent à l’aide de ces armes perverses que sont ; la cupidité, l’égoïsme, la soif de pouvoir, l’envie, la rancœur. Il y a le manque d’instruction et les manipulations médiatiques. Il y a ces pulsions incoercibles d’appartenance et de racines. Il y a la solitude et l’amour aussi, si fragile.

Je voudrais démontrer, par ce concentré excessif d’horreurs, que la recherche extrême des besoins élémentaires érigée en nécessité (ou en habitude,) l’exclusion, la force des liens familiaux ou claniques, le manque d’ambition et l’ignorance, font qu’un misérable territoire, aussi mortellement pollué soit-il, devienne cet arpent du Bon Dieu que l’on va défendre envers et contre tout. Personne, de l’intérieur ou de l’extérieur, ne fera rien pour que ça change ! Soulager peut-être, mais changer ? Pessimisme que tout cela ?

Et si chacune de nos actions ne participait que de l’effet papillon… que leur influence sur le cours des choses ne soit qu’imprévisible ?

Et s’il fallait d’abord transformer le (ce) monde ? Faire savoir haut et fort les dégâts causés par les compassions conformistes et les égoïsmes individuels ou collectifs.

Survivre sur une décharge, l’ignoble trafic d’organes, les pollutions mortelles ou mal-formatives, les paysages détruits par cupidité, etc., le désespoir, je n’invente pas, je l’ai vu, revu, subi, lu et entendu.

Alors, à ma manière, j’essaye de le dépeindre. Mais en filigrane, je propose, timidement, une échappatoire en forme d’espoir. Pourquoi les Zyndiens (mythe ou réalité) ne seraient-ils pas la clef de la rédemption, en dépit du fait que cette recherche doit se faire au prix d’un ultime renoncement ? (Si la connaissance mène à une impasse, les « sauvages » sont peut-être l’ultime alternative ?) Abel se sacrifie pour permettre à sa famille de subsister. Il est trahi, c’est vrai et il le sait, mais il a insufflé en Nina sa vision d’un monde meilleur. La prise de poudre abortive n’est pas, pour elle, un geste désespéré, mais une démarche d’espoir. Elle se donne une chance supplémentaire de réussir, de mener l’enfant qui reste vers ce monde-là.

Je ne dis rien de plus. Je ne propose rien qui détermine son espérance et ne veux fourvoyer quiconque sur le chemin de mes utopies. Que chacun interprète, selon ses convictions ou son imaginaire, la décision de Nina et son bien-fondé !

Je ne suis pas partisan de ce landerneau aux abois, actuel ou visionnaire. Mais je n’y constate ni victoire ni défaite d’un mal ou d’un bien triviaux. Je n’y vois juste qu’un hétéroclite regroupement d’individus de diverses couches sociales qui pratiquent la survie avec les armes plus ou moins inégales dont la nature les a dotés.

Pour ce qui en est du lieu, je crois que ma vision décalée est nécessaire à la démonstration. Si c’est irréalisable, je pense que l’action pourrait être transposée, sans perdre de sa valeur dramatique ou de ses repères démonstratifs, dans un bidonville ou une banlieue de n’importe quelle mégapole actuelle.

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